Objectifs
• Développer et pérenniser un pôle « Interculturalité » au sein de l’Université de Strasbourg ;
• Fédérer un réseau de chercheurs de l’Université de Strasbourg autour de l’étude des contacts et transferts culturels ;
• Encourager le dialogue entre disciplines universitaires et départements ;
• Promouvoir les travaux en cours ou récemment achevés, ainsi que la jeune recherche.
Communications
Les propositions de communication, à envoyer à contactsdelangues2025@gmail.com, pourront porter sur :
• Les contacts de langues et leurs enjeux en situation impériale ou coloniale.
• Les contacts de langues et leurs enjeux en situation post-impériale ou post-coloniale.
• Le cas particulier des contacts de langue dans l’espace turcophone sous domination impériale russe, puis soviétique, dans le cadre de la session thématique spécifique qui lui sera dédiée.
Questionnements
Espaces par définition plurilingues structurés par l’usage d’une langue commune dont la fonction est d’assurer la permanence et l’ubiquité de l’État, les empires forment des espaces de contacts linguistiques au sein desquels se pose nécessairement la question des contraintes, et ce même après leur désagrégation. Sans prétendre épuiser le thème, nous proposons quelques questionnements que pourront investir à leur guise les participants.
Il sera ainsi possible de s’interroger sur le caractère asymétrique des transferts linguistiques et sur les concurrences qui façonnent les contacts entre la langue impériale, garante de la pérennité des institutions, les langues réticulaires, qui articulent les circulations intellectuelles et marchandes, et les langues minoritaires. Ce questionnement se prolonge après la désagrégation des empires dans l’examen de la relation avec l’ancienne langue impériale, qu’il s’agisse de maintenir le lien ou de marquer la rupture.
Les inégalités sur le marché des langues, cependant, ne sauraient épuiser le questionnement. Les empires étant aussi des ensembles territoriaux parcourus de flux migratoires – volontaires et forcés –, ils amènent aussi à interroger les contacts linguistiques entre communautés placées sous l’égide de l’empire et à comparer leurs stratégies.
Enfin, les contacts de langues dans l’empire concernent aussi, à travers les réseaux marchands, les populations transfrontalières ou encore les pratiques de traduction, des langues étrangères à l’empire. Se pose ici, entre autres, la question du contrôle exercé sur ces processus par l’empire, qui peut y voir un appui à sa propre politique de puissance ou, au contraire, une menace pour son intégrité.
Informations pratiques
• Durée des communications : 20 minutes, suivies de 10 minutes de discussion
• Soumission des propositions : résumé (250 mots) et courte notice biographique (150 mots)
• Date limite de soumission des propositions : 25 février 2025
• Acceptation des propositions : 01 mars 2025
• Événement : le 22 avril à la MISHA, Salle de Conférences, de 9h à 17h.
Organisateurs
Benjamin Quénu, MCF en Études interculturelles, Université de Strasbourg, GEO, CRPM
Tamerlan Quliyev, chercheur post-doctoral, ITI MAKErS, Université de Strasbourg, DRES
Comité scientifique
Samim Akgonül, PR en Études turques, Université de Strasbourg, DRES
Stéphane De Tapia, PR, émérite, Université de Strasbourg
Benjamin Quénu, MCF en Études interculturelles, Université de Strasbourg, GEO, CRPM
Tamerlan Quliyev, chercheur post-doctoral, ITI MAKErS, Université de Strasbourg, DRES
Dilek Sarmis, MCF en Études turques, Université de Strasbourg, GEO, CETOBAC
Session thématique : « Les contacts de langues dans l’espace turcophone sous domination impériale russe et soviétique »
Du Caucase à l’Asie centrale en passant par le bassin de la Volga se dessine un vaste espace densément peuplé où les langues turciques ont connu des évolutions différenciées au contact, notamment, des langues persanes. La conquête impériale russe, amorcée au XVIe siècle avec la prise du khanat de Kazan et achevée au Caucase puis en Asie centrale tout au long du XIXe siècle, place une large part de cet espace en situation impériale, voire coloniale, et reconfigure les conditions des transferts linguistiques et culturels, au cours d’épisodes d’une violence parfois paroxystique (répression brutale des révoltes, famine kazakhe, liquidation des élites nationales, déportation des Tatars de Crimée et des Turcs Meskhètes) dont les conséquences linguistiques restent encore à affiner.
La session thématique appelle donc à explorer la manière dont les inégalités sur le marché des langues ont façonné les contacts entre les langues slaves et turciques au cours des deux derniers siècles (réformes de la graphie, emprunts lexicaux et morphologiques, émergence de projets puristes, effacements). Bien que les contacts entre la langue impériale et les langues turciques soient au coeur de cette session, il paraît nécessaire de faire une place aux contacts entre toutes les langues qui circulent dans l’espace turcophone, ainsi qu’aux contacts avec le voisin ottoman, puis turc. Le cadre politique joue ici un rôle d’autant plus important que dans cet espace par définition plurilingue, les échanges ont été tantôt encouragés et encadrés, tantôt réprimés. La circulation des pratiques linguistiques et des débats entre les deux empires, où les turcophones ont partagé un désir de modernisation de la langue, a toute sa place dans cette réflexion, que le regard se porte sur les termes de l’échange ou les médiateurs culturels qui l’ont porté.
Les intervenants sont également invités à mettre au jour les enjeux politiques contemporains de ces contacts, qu’il s’agisse de dynamiques d’affirmation nationale, de constructions identitaires, de transformations des pratiques linguistiques liées à la reconfiguration des flux migratoires, ou encore des revendications culturelles des diasporas issues de la famine et des déportations de masse. Le poids des relations internationales dans ces recompositions pose enfin la question du positionnement de jeunes états souverains face aux leviers linguistiques de la politique de puissance tant de la Russie que de la Turquie et des arbitrages délicats entre le maintien de liens économiques et culturels avec l’ancien empire qu’une langue commune facilite et l’affirmation de la souveraineté nationale.
En espérant vous voir nombreux.
Pour le comité,
Benjamin Quénu et Tamerlan Quliyev
Vous pouvez télécharger l'appel à communication en cliquant ici.